Bleu II, Miró

D’un point de vue technique, Miró recherche un équilibre entre le contrôle structurel et la liberté du geste pictural. L’utilisation de pigments hautement saturés et de larges pinceaux lui permet d’obtenir une surface chromatique homogène, mate et sans relief. Les points noirs, répartis avec une précision quasi mathématique, instaurent un rythme visuel qui structure l’espace pictural. La ligne rouge, verticale et légèrement irrégulière, introduit contraste et tension au sein de la composition.

Historiquement, le Triptyque Bleu —composé de Bleu I, Bleu II et Bleu III— a été conçu dans l’atelier de Miró à Palma de Majorque, au cours d’une période d’introspection et de synthèse formelle. Il représente l’aboutissement de sa quête de l’essentiel : la couleur comme émotion pure et le signe comme langage universel. Avec cette série, Miró s’éloigne définitivement de la narration surréaliste pour s’engager dans un territoire de contemplation plastique qui anticipe l’abstraction lyrique et l’expressionnisme chromatique des décennies suivantes.